Jour J bis + 1

Réveil aux aurores à 7h et 35°, les bras boursouflés par les nombreuses piqûres d’arthropodes et la peau luisante et odorante qui reste collée au matelas. Il ne nous reste qu’un demi-litre d’eau. On nous avait pourtant assuré : « en juillet, ne te découvre pas d’un fil »… On s’active et on reprend nos habitudes, pouces levés au bord de l’autoroute. Malheureusement, la bonne fortune nous tourne rapidement le dos. Le soleil a effacé les dernières zones d’ombres matinales et nos réserves d’eau s’amenuisent : il ne nous reste plus qu’une petite gourde. Face à l’absence de réaction des conducteurs, on se retrouve vite en position de faiblesse. Rémi vacille, et, acculé par la soif et le soleil ardent, écrit avec peine un message sur un morceau de carton : « OUT OF WATER ». Toujours aucun geste de la part des automobilistes : c’est la goutte d’eau qui met le feu aux poudres. L’on aperçoit déjà au-dessus de nos têtes l’ombre des rapaces qui guettent leur proie agonisante. Trois heures plus tard, une voiture s’arrête, et, à la manière de ces mirages chimériques qui peuplent les légendes des contrées subsahariennes, on nous lance une bouteille de Mineralwasser. Simultanément, un tracteur nous rejoint et propose de nous emmener dans sa remorque jusqu’à Fell, un petit village et ancien site minier : tout plutôt que de rester dans cet enfer. Tel l’aventurier conradien qui voyage jusqu’au cœur des ténèbres, c’est à la fois avec envie et appréhension que nous entamons notre descente… Pierre qui roule tombe dans le ravin ! Une fois arrivés à Fell, l’évidence s’impose à nos yeux : si l’on souhaite réellement quitter ce pays, il nous faudra prendre un bus jusqu’à Trèves. De là, le train semble la meilleure solution.

– « Si l’on tentait une fois de plus le stop depuis Trèves, je suis sûr que l’on serait pris cette fois-ci », dit Pierre.

– « Allons donc, Trèves de plaisanteries, tu sais fort bien qu’avec des si, on mettrait Trèves en bouteille… », lui rétorqua Rémi.

– « T’as sans doute raison, tirons un Trèves sur cette ville ».

Et c’est le cœur allègre mais l’orgueil bafoué que nous terminons d’écrire ces récentes péripéties. Au loin, par-delà les vallées et les méandres du Rhin, l’on verra bientôt poindre les clochers de Nuremberg…

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