Jour J bis + 3 et + 4

Lorsque j’étais petit garçon, mon grand-père avait pour habitude de me conter les récits de sa jeunesse. Employé à 16 ans par un morutier, le frais loup de mer était vif et prompt à la tâche. En jetant un coup d’œil à ses mains fortes et calleuses, on devine aisément que la besogne fut dure. Il me racontait la façon dont ses nombreux voyages avaient très vite forgé ce caractère bien trempé qui m’a toujours inspiré un double sentiment de crainte mêlée d’une profonde admiration, et j’imaginais comment ses yeux gris, au gré des mers et des paysages qui défilent trop vite, avaient dû perdre peu à peu l’éclat et la vivacité que l’on retrouve si souvent dans le regard des jeunes hommes de son âge. C’est qu’il en avait vu, des contrées ! De Sarajevo à Tel Aviv, de Londres à Ottignies, nulle culture, nulle ville ne lui demeuraient inconnues, et l’on lui faisait difficilement prendre des vessies pour des lanternes : il était devenu un homme du monde. Pourtant, s’il est une ville qui a su battre en brèche cette indolence précoce et demeurer l’objet d’une véritable fascination de sa part, c’est bien Prague, la ville aux mille tours et mille clochers.

Et de fait, on est restés comme deux ronds de flan devant le faste de la capitale tchèque. La visite de la cité s’effectue à pied, le nez en l’air ; les architectures romanes, baroques, cubistes, gothiques, Art Nouveau et rococo s’acoquinent et bordent le somptueux centre ville historique, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

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Quatrième conseil du bourlingueur : pour l’achat d’un cheeseburger à 1€, les fast-foods McDonalds permettent aux touristes de disposer facilement d’une bonne connexion internet. On s’y rend donc bien malgré nous afin de trouver in extremis un couchsurfing ou une auberge de jeunesse pour la nuit.

Puisqu’aucun tchèque n’a la possibilité de nous héberger ce soir, on se rabat sur une auberge de jeunesse : la Budget Hostel. Il s’agit en fait d’une école qui ouvre ses portes aux voyageurs durant la période des vacances scolaires et met à disposition ses locaux et classes, transformés pour l’occasion en vastes dortoirs communs. Si vous n’êtes pas trop regardants sur le confort, on vous recommande vivement cet endroit : le prix est de 11€ par personne, et inclut un matelas déposé sur le parquet d’une salle de basket, des douches communes, une cuisine équipée de tout le matériel nécessaire à la préparation d’une omelette au poireaux, une salle remplie de casiers pour y déposer ses bagages, ainsi qu’une cour et son mur d’escalade. Nous y sommes finalement restés deux nuits, histoire de sonder la ville de fond en comble et de poncer les bancs des tavernes locales. C’est entre deux bonnes rasades de Pilsner qu’on apprend que la prévalence du cancer du colon en République Tchèque compte parmi les plus élevées du globe. En maroufles avinés que nous devînmes, on ne sait plus exactement à quelle ivresse on peut imputer notre mal de crâne du lendemain matin : celle de la boisson ou celle des blondes et pulpeuses serveuses tchèques qui firent tant vaciller la tête de notre bon vieux Rémi ?

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On n’oubliera sans doute jamais Prague ; on quitte la ville le cœur triste et l’esprit vaseux et l’on se place à la sortie d’une pompe à essence pour y faire du stop. Les automobilistes se succèdent, et au bout d’une petite heure de vaines tentatives, un jeune allemand qui passait par là se parque devant nous. Qui est-il ? Que va-t-il se passer ? Où va-t-il nous emmener ? On vous raconte tout dans le prochain épisode…

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