La gestion du changement et la mobilité durable

Cet article a été rédigé suite à la première édition de la Mobility Academy organisée par Mpact en collaboration avec Traject (Pierre Bertin), au sujet de la gestion du changement. 

Un retour à une certaine “normalité”, cela fait des semaines qu’on l’attend. Après des mois de chômage technique, de télétravail ou de travail en présentiel dans des conditions sanitaires très strictes, nous pouvons à nouveau retourner physiquement sur notre lieu de travail et retrouver nos collègues. Seulement, cela n’a plus la même saveur qu’avant la crise. Nos repères et nos habitudes ont été mis à rude épreuve durant 2 ans, notamment en matière de déplacements.

Une nouvelle routine comme levier de changement pour une mobilité plus durable

Une rupture dans les habitudes, telle que celle occasionnée par la crise du covid-19, est un moment idéal pour inciter au changement de comportement et ainsi créer une nouvelle routine. Heureusement pour nous, une pandémie mondiale n’est pas la seule occasion. Il existe différentes situations qui permettent aux travailleurs de faire le point sur leur comportement en matière de mobilité. Pensez par exemple à un déménagement ou à un nouvel emploi, des situations où le trajet domicile-travail doit être revu. L’arrivée d’un nouveau membre dans la famille, le départ d’un adolescent de la maison ou la rentrée scolaire peuvent également être générateurs d’une nouvelle réflexion en matière de mobilité.

Au sein d’une entreprise, il existe également des circonstances, choisies ou non, auxquelles vous devez vous adapter : travaux d’infrastructure qui rendent la zone moins accessible en voiture, déménagement des bureaux sur un autre site, réduction du parking qui rend le stationnement à proximité plus difficile, révision d’un permis d’environnement…

Les occasions d’amorcer un changement de comportement sont donc nombreuses. Mais que voulons nous dire par “changement de comportement” ? Pour répondre à cette question, revenons ensemble à l’essentiel : la manière dont l’être humain se comporte.

95% du temps, nous agissons sans réfléchir

Notre cerveau doit aujourd’hui traiter une profusion d’informations : en moyenne plus de 300 fois plus que ce qu’il peut réellement gérer. Afin d’économiser de l’énergie et de fonctionner correctement, celui-ci va automatiser certaines tâches. C’est comme cela qu’un jeune enfant doit réfléchir à appuyer sur la pédale et à garder son équilibre lorsqu’il apprend à pédaler mais qu’une fois qu’il a intégré cette nouvelle compétence, il passe en mode automatique.

La manière dont nous agissons, réfléchissons, vivons au quotidien résulte à 95% d’habitudes acquises. Seulement 5% de notre comportement est produit sur base d’une pensée rationnelle, ce qui est très peu. Nos choix en matière de mobilité sont majoritairement inclus dans les 95% d’actions non consciemment réfléchies. C’est pourquoi il est important d’agir directement ou indirectement sur le comportement des individus, car sans cette aide supplémentaire, peu de personnes seraient en mesure de se défaire d’habitudes depuis longtemps acquises. La routine dirige notre vie : de la préparation de notre café au brossage de dents, en passant par la manière de se rendre au travail ou de boutonner sa veste, énormément d’actions sont effectuées en mode automatique.

Etre conscient qu’il faut accompagner les personnes dans leur changement de comportement n’est qu’une première étape. Mettre en place des actions concrètes au sein de votre organisation en est une autre, et ce n’est pas si évident.

Le comportement humain est une accumulation d’éléments intrinsèques d’une part, comme les compétences (puis-je faire du vélo ?), les valeurs et les croyances (vos parents vous ont-ils toujours conseillé de prendre votre vélo sur de courtes distances ?), l’identité (est-ce que je me sens à l’aise en covoiturant avec des inconnus ?) et la mission (qu’est-ce qui me motive dans la vie ?). D’autre part, il y a aussi des facteurs extrinsèques ou environnementaux qui peuvent influencer notre comportement. Qu’est-ce qui est considéré comme normal selon mon entourage ? Quel comportement mon entourage encourage-t-il ? Pour revenir à l’exemple du vélo, vous avez peut-être appris à faire du vélo à l’âge de 6 ans et acquis cette compétence. Mais si votre lieu de travail ne dispose même pas d’un local à vélos ou que vous ne recevez aucune information sur l’indemnité vélo, il y a peu de chances que votre pilote automatique vous suggère le vélo comme la meilleure option pour votre trajet domicile-travail. Il faut donc aussi un certain contexte afin de pouvoir faire surgir un comportement déterminé.

Il y a donc beaucoup d’éléments pouvant avoir un impact sur le comportement. Il existe également diverses stratégies afin de soutenir le changement de comportement.

5 stratégies pour soutenir le changement de comportement dans votre organisation

La première stratégie se base sur le principe de réciprocité, un “win-win”. Un exemple connu est l’indicateur de vitesse qui montre un smiley content ou triste en fonction de la vitesse de l’automobiliste. Personne n’aime les smileys tristes, ce qui entraîne une diminution de la vitesse. Attention, il est nécessaire que la récompense soit proportionnelle à ce qui est demandé. Si en tant qu’employeur, vous offrez à un employé un vélo électrique à condition qu’il aille travailler en vélo une fois tous les 6 mois, alors vous lui avez simplement offert un cadeau. L’employé n’est en effet pas incité à modifier structurellement ses habitudes en matière de mobilité. Dans ce cas, organiser un tirage au sort avec vélo électrique à la clef pour les employés qui viennent à vélo deux fois par semaine serait plus efficace. Dans la même optique, il ne faut pas s’attendre à ce que vos travailleurs se mettent à covoiturer du jour au lendemain sans rien en retour. Prévoyez un petit-déjeuner pour les covoitureurs ou organisez un challenge avec prix attractifs à la cléf, faites en sorte de rendre l’effort réciproque et proportionnel.

La deuxième stratégie se réfère à l’autorité. Peut-être avez-vous déjà entendu “walk the talk” ou “practise what you preach” ? De manière générale, on observe un effet positif lorsque l’exemple vient d’une personne représentant l’autorité au sein de l’ entreprise. Une action vaut mieux qu’un discours, si un CEO montre lui-même qu’attendre 15 minutes pour son partenaire de covoiturage, ou que faire du vélo en costume est faisable, il y a alors de grandes chances que les travailleurs en prennent aussi conscience.

Vous avez sûrement déjà expérimenté la troisième stratégie qui se base sur l’effet de groupe. Si minimum trois personnes agissent d’une certaine manière, la quatrième aura tendance à se calquer sur le même mode de comportement afin de faire partie du groupe. Dans cette optique, le recours à des ambassadeurs, qui expérimentent des situations dans lesquelles les employés peuvent s’identifier, est bénéfique. On parle aussi du principe de neurones miroirs : l’être humain a tendance à refléter rapidement le comportement de son interlocuteur. Le cerveau a appris à adopter les mêmes gestes et postures pendant une conversation, de sorte de favoriser l’empathie l’un pour l’autre. Cela renforce la compréhension mutuelle et garantit que l’autre partie est plus réceptive à votre message.

La quatrième stratégie, le plus puissante d’ailleurs, est le principe de rareté. L’exemple le plus flagrant (hélas pas dans la mobilité) est celui de booking.be : “Plus que 1 hébergement à ce prix sur notre site”. Sous-entendez : “Réservez rapidement, vous ne voulez tout de même pas manquer cette opportunité”. Cette tactique ne fonctionne cependant que pour pousser à l’action, elle n’aide pas à changer un comportement sur du long terme. Dans le secteur de la mobilité, vous pourriez toutefois appliquer cette technique pour, par exemple, faire tester un vélo électrique à vos employés.

Enfin, la dernière : la gamification. La gamification peut être définie comme l’ajout d’un élément ludique à un contexte qui n’est pas lié au jeu. Cet élément va aider les gens à sortir de leur routine, à essayer quelque chose de nouveau et à s’y tenir plus longtemps. Imaginons qu’une entreprise décide d’installer un bouton rouge, que toute personne ayant covoituré peut presser en entrant dans le bâtiment. Ce bouton ferait apparaître sur un écran relié le nombre de trajets effectué en covoiturage depuis le début d’année, ou quelle est l’équipe ayant le plus covoituré. Les personnes n’ayant pas covoituré ne pourraient alors pas appuyer sur ce bouton (ce qui est triste pour elles). C’est ce principe de gamification que nous retrouvons par ailleurs dans MobiCalendar grâce au MobiMonster. Cette mascotte sympathique guide les utilisateurs dans leur progression et leur octroie des badges en fonction des trajets encodés. Qui ne voudrait pas recevoir une médaille d’or ?

Communication et accompagnement

En attendant, il est clair que vous devriez faire plus que simplement mentionner « qu’il existe une application de covoiturage » si vous souhaitez réellement inciter vos employés à covoiturer. La communication et le changement de comportement sont inextricablement liés. C’est pourquoi nous listons ici 10 conseils pour une bonne communication :

  • Profitez de situations ou moments durant lesquels les travailleurs semblent ouverts au changement
  • Soyez crédible
  • Expliquez pourquoi quelque chose est mis  – ou pas – en place et montrez en la progression
  • Utilisez différents canaux de communication et utilisez des images parlantes plutôt que des mots
  • Racontez une histoire, utilisez l’humour
  • Communiquez à travers d’autres personnes qui sont engagées dans le process
  • Répétez, répetez, répetez
  • Mettez l’accent sur le bénéfice à titre personnel et montrer des résultats immédiats
  • Concentrez-vous sur certains groupes en particulier et jouez sur le sentiment d’appartenance (ou sur la compétition)
  • Facilitez l’action, assurez-vous que les contexte et l’environnement soient adaptés

Via notre outil MobiCalendar, nous souhaitons réellement créer un changement de comportement vers une mobilité durable. Nous ne vous fournissons pas seulement un outil mais nous vous accompagnons également dans sa mise en place avec des conseils adaptés à votre situation afin d’élaborer une stratégie. Saisissez le bon moment !

Vous souhaitez influencer le comportement de vos employés afin de les inciter à se déplacer de manière plus durable ? Contactez-nous via mobicalendar@mpact.be.

Pour avoir plus d’informations sur la gestion du changement, contactez Traject  via traject@traject.be.