La solidarité au service des plus fragiles

Le climat anxiogène généré par les médias et les réseaux sociaux à propos de la crise du coronavirus a vite fait de nous plomber le moral les jours où notre optimisme est en berne. Cela vous arrive aussi? Pourtant, à bien y regarder, les initiatives positives et solidaires ne manquent pas. C’est notamment le cas du côté du Namurois où le service de transport bénévole Mobitwin, via les Desk de Mobilisud et de Namur, a fait preuve de résilience en continuant à assurer les trajets pendant cette crise.

Mobitwin, c’est le réseau de chauffeurs bénévoles créé par l’ASBL Mpact. Pour la majorité d’entre nous, faire ses courses ou se rendre chez le médecin constituent des déplacements anodins. Cela se complique quand les fins de mois se font difficiles et/ou que la santé s’en mêle. L’isolement social s’installe, avec les conséquences physiques et psychiques qui en découlent. Pour pallier à la détresse de ces personnes isolées, le service Mobitwin se fait fort d’offrir une alternative financièrement abordable aux personnes rencontrant des difficultés de déplacement. Mobitwin fonctionne grâce à la solidarité de réseaux de chauffeurs bénévoles, regroupés en « Mobitwin Desks », principalement dans les communes et CPAS de Belgique. Les chauffeurs bénévoles du réseau Mobitwin sont souvent des retraités actifs, heureux de pouvoir s’investir dans un projet solidaire. La vague de solidarité générée par cette crise sera peut-être d’ailleurs l’occasion d’attirer davantage de jeunes volontaires.

Solidarité, entraide, résilience

L’instauration de la période de confinement au mois de mars dernier a donné un coup de frein aux activités des bénévoles. Par mesure de prudence, les Mobitwin Desks ont ainsi été invités à limiter fortement les trajets pour éviter la contamination. D’autant que le profil de la plupart des bénévoles et des bénéficiaires en fait un public dit « à risque » à l’infection au virus. Continuer à aider les plus isolés dans leurs déplacements est ainsi devenu un défi à relever en cette période troublée.

Chez Mobilisud – Desk actif sur les 7 communes wallonnes de Dinant, Yvoir, Havelange, Hastière, Houyet et Vresse-sur-Semois -, la solidarité et la résilience l’ont emporté sur la crainte. Véronique Deltour, chargée de mission pour Mobilisud, explique : “Nous avons décidé de continuer les trajets. Nous fonctionnons habituellement avec une trentaine de chauffeurs bénévoles mais, durant la crise, nous avons décidé d’écarter les chauffeurs de plus de 65 ans. Sept chauffeurs bénévoles ont donc continuer à assurer les trajets nécessaires. Mais cela a été suffisant étant donné que le nombre de demandes a diminué.” En effet, de 125 trajets hebdomadaires, les demandes sont tombées à 30 trajets par semaine pendant la crise.

 Pour toute demande, nous avons trouvé une solution même si nos chauffeurs n’étaient pas disponibles ou même si le domicile du demandeur était trop loin.

Le télétravail et le chômage économique imposés à l’équipe du Desk n’ont pas freiné l’entraide au coeur de ce réseau de chauffeurs : “Régulièrement, nous entrons en contact par mail et par téléphone avec les chauffeurs bénévoles pour les soutenir et les remercier.” Écoute, soutien mais également belle solidarité de l’équipe qui a fait son possible pour trouver une solution pour le plus grand nombre. “Pour toute demande, nous avons trouvé une solution même si nos chauffeurs n’étaient pas disponibles et même si le domicile du demandeur était trop loin.” Et parce que l’isolement et la solidarité n’ont pas de frontières, Mobilisud a décidé d’étendre son service aux communes voisines ne disposant pas de taxis sociaux, comme à Rochefort par exemple. Le service a aussi fait preuve de résilience en adaptant les trajets aux impératifs de distanciation physique en vigueur en mettant en place un service de livraison de courses. 

Que deviendraient ces personnes si on était pas là?

Du côté des bénévoles, continuer à assurer les trajets relève de l’évidence : « Pas question d’arrêter ! Que deviendraient ces personnes si on n’étaient pas là? ». D’autant plus que la crise sanitaire accentue l’isolement de certains bénéficiaires. Véronique Deltour le confirme : “On a senti que les personnes étaient plus isolées que d’habitude. Les conversations au téléphone pour les demandes de trajets étaient également plus longues que d’habitude.”

Pierre, chauffeur chez Mobilisud

Les bénévoles au secours du Desk de Namur

Des initiatives solidaires, on en a également rencontré à Namur. La fin d’année 2019 a en effet été mouvementée pour le Mobitwin Desk de la capitale wallonne, puisqu’il a cessé ses activités du jour au lendemain pour des raisons organisationnelles. Ne pouvant se résoudre à laisser les bénéficiaires sans solution de secours, les bénévoles, dont Claude Lazaron, ont carrément repris les rênes du Desk! Outre son activité de chauffeur, Claude et son épouse se sont même occupés jusqu’à la fin décembre de toute l’organisation pratique, dont l’encodage des trajets dans le logiciel, depuis leur domicile.

“Nous ne pouvions pas les laisser tomber en attendant la relève. Nous devions continuer, c’était une évidence”, explique Michel Delforge, également bénévole à Namur. Conscient de l’isolement dont souffrent les bénéficiaires, Michel a même poursuivi son activité de chauffeur volontaire alors qu’il ne disposait plus de véhicule : “Je louais des voitures cambio (véhicules partagés, NDLR) afin de pouvoir être disponible. Cela a compliqué l’organisation car des imprévus pouvaient surgir et il était parfois impossible de prolonger la réservation.”

En fin de compte, la persévérance de ces bénévoles solidaires s’est vue récompensée. Début du mois d’avril, en pleine crise sanitaire, le CPAS de Namur et CAP Mobilité Namur ont repris officiellement la gestion du Desk.  Une reprise qui tombe à point nommée pour les nombreux bénéficiaires.