Une mobilité partagée au service de l’accessibilité

mobilite_partagee_rural_detail (c) Jérémy Lelièvre

L’accord du gouvernement flamand 2014-2019 évoque le principe du ‘basisbereikbaarheid’, ou ‘accessibilité de base’. Ce terme, quoi qu’un peu barbare, désigne un principe important : tout un chacun doit pouvoir se déplacer facilement, même en zone rurale où il n’y a (presque) aucune offre de transport public. Le concept est en pleine construction, et Mpact a pu partager ses réflexions lors d’une présentation au Parlement flamand début octobre.

Comment la mobilité partagée peut-elle apporter sa contribution à cette ‘accessibilité de base’ ? Comment combiner les moyens de transports disponibles aujourd’hui pour permettre à tout le monde d’atteindre les points sensibles : hôpitaux, gares, zonings, écoles, etc. ?

Pour bien comprendre cette nouvelle idée, il nous faut définir :

  • La mobilité partagée, qui regroupe différentes formes de mobilité où un véhicule peut être utilisé à plusieurs, comme le covoiturage, ou les vélos partagés par exemple. Le concept change notre perception de la possession systématique d’un bien personnel. Nous n’avons pas besoin d’une voiture mais de nous déplacer. Nous pouvons donc n’utiliser les choses que quand nous en avons vraiment besoin. Le reste du temps, les autres les utilisent : autopartage, partage de vélo, etc.
  • Accessibilité de base : c’est le fait de garantir que les principales destinations soient accessibles pour tous, qu’importe le lieu où nous habitons.

Auparavant, le gouvernement flamand utilisait le terme ‘mobilité de base’, avec un arrêt de bus dans chaque quartier comme principal moteur d’amélioration. Aujourd’hui, l’attention se porte plus sur la destination : comment s’assurer que tous les points importants soient accessibles à tous ? Cette question est aujourd’hui au centre du débat.

En jetant un œil sur la toute nouvelle carte de l’accessibilité de la Wallonie par les transports en commun, il nous paraît évident que les zones rurales sont particulièrement touchées par un souci de choix en terme de mobilité. La voiture personnelle reste souvent la seule solution.

Mpact a eu la chance pendant la conférence du 2 octobre 2015 de présenter comment le covoiturage, l’autopartage et le transport bénévole (la Centrale des Moins Mobiles) peuvent contribuer à aider de plus en plus de personnes à se déplacer au sein d’espaces ruraux peu desservis. Le tout couplé d’avantages : social (renforcement des tissus sociaux dans les quartiers ou au travail grâce au partage), économique (partage des coûts, contribution à l’utilisation), écologique, etc.

Changement des consciences

Mpact rend le covoiturage et l’autopartage possible. Mais le partage n’est pas une fin en soi, plutôt un moyen vers un changement de comportement.

Changeons les consciences : que l’utilisation de son véhicule personnel ne soit plus un réflexe mais un acte réfléchi. Fini, le temps où nous allions chercher notre pain en voiture à la boulangerie du coin. Dans cette dimension du partage des biens personnels, nous sommes en constante réflexion face à l’utilisation : ai-je vraiment besoin de ma voiture maintenant ou ai-je d’autres alternatives ?

Oui, les autopartageurs prennent d’avantage les transports publics et le vélo. Par l’autopartage, on change les mentalités, les consciences autour du déplacement. L’autopartage devient un des moyens utilisés pour arriver à diminuer les déplacements en voiture et à gagner ainsi de l’espace public (pour d’autres projets citoyens : des aires de jeux, des parkings vélos, … ?).

Aujourd’hui, les transports publics sont peu rentables, leur rapport coût-efficacité est loin d’être optimal, et c’est dans cet état de fait que la mobilité partagée devient alors une solution pour le futur si on l’envisage en complémentarité avec l’offre de transport en commun actuelle.

Pour atteindre l’objectif de la rationalisation de l’usage de son propre véhicule, nous avons besoin de transports publics forts. Un véritable réseau, bon marché, ponctuel et qui gagne la confiance des navetteurs. Pour pallier à une offre des transports en commun parfois difficile à mettre en place en zone rurale, la mobilité partagée viendrait jouer un rôle primordial en tant que service complémentaire, appuyé par la technologie pour pouvoir jongler entre les différentes possibilités qui s’offrent à nous. Et c’est vers cette complémentarité qu’il faut tendre pour que cette ‘accessibilité de base’ puisse prendre tout son sens.

Le développement du covoiturage et de l’autopartage est une opportunité à saisir. Il est dès lors essentiel que les pouvoirs publics soutiennent Carpool.be, Autopartage.be, cambio ou la Centrale des Moins Mobiles et que les citoyens participent activement à la promotion de ces nouveaux usages.

Mpact veut qu’un package attractif soit proposé et disponible comme alternative aux déplacements en voiture irréfléchis : vélo + transport public + (si besoin) mobilité partagée.
C’est l’objectif principal mené aujourd’hui : rationaliser l’usage de la voiture personnelle et étendre les possibilités de mobilité alternative à l’ensemble de la société.

Article basé sur celui d’Angelo Meuleman, Mpact en Basisbereikbaarheid
Photo : (c) Jérémy Lelièvre