Bandes de covoiturage : solution pour une mobilité fluidifiée
« Chaos sur le ring de Bruxelles », pouvait-on encore lire sur le site du Soir ce mercredi. La presse ne s’étonne plus, les automobilistes non plus : la situation sur les routes belges en heure de pointe est désolante.
Aujourd’hui, Bruxelles est l’une des villes les plus embouteillées au monde (la durée du trajet est doublée en heure de pointe). Et la situation va empirer : en 2030, 19% de voitures et 30% de camions sont attendus sur nos routes. Le « tout à la voiture personnelle » a fait son temps et les mentalités évoluent doucement en ce sens. Mais le changement des habitudes passera par le développement d’infrastructures adaptées à une mobilité partagée et/ou multimodale.
Mpact propose en ce sens le développement de bandes réservées aux covoitureurs couplé à une expansion des parkings de transit pour donner toutes les chances aux covoitureurs de faciliter leur trajet. Il suffit en effet de convaincre 1 autosoliste sur 10 à partager sa voiture pour réduire considérablement la congestion autoroutière. Aujourd’hui, le taux de remplissage des véhicules est d’1,1 personne par voiture. Que mettent donc les conducteurs sur les 3 sièges restants ?
Depuis 2001, la signalisation routière permet de baliser les bandes de covoiturage : un panneau C5 avec la mention ‘’excepté 2+ [ou 3+]’’.
Nous sommes 15 ans plus tard. Et nous n’avons jamais vu ces panneaux sur nos routes. Pourtant, certaines initiatives ont été présentées : le réseau RECO (Réseau Express de Covoiturage) par exemple, présenté par le centre d’étude humaniste CEPESS, dont la création de bandes de covoiturage est un point essentiel. Ce projet encore théorique allègerait à terme de 20.000 voitures les axes autoroutiers vers Bruxelles tout en assurant un gain financier et de temps substantiel pour les utilisateurs quotidiens.
Pour Mpact, certaines conditions doivent être réunies pour que ces bandes soient un succès[i].
Un contrôle efficace du nombre de passagers
De nouvelles technologies nous permettent aujourd’hui de contrôler efficacement le nombre de passagers d’un véhicule.
A Jougne, à la frontière franco-suisse, une phase d’expérimentation de contrôle automatique du nombre de passagers a été réalisée de fin mai à mi-juin 2015. Avec l’aide de caméras infrarouge permettant de compter le nombre de passagers, les voitures de covoitureurs ont pu circuler à vive allure sur une bande qui leur était réservée. A droite, les autosolistes roulaient pare-choc contre pare-choc.
Dans d’autres cas, les contrôles peuvent aussi être effectués par des agents de police qui contrôleraient de manière périodique le nombre de passagers. Une amende dissuasive finira par mettre fin aux fraudes et abus en général (comme à Leeds, Bergen ou Madrid).
La mise en place de voies réservées au covoiturage est dès lors envisageable de manière plus concrète : les tests démontrent que l’on peut contrôler avec précision le nombre d’occupants d’un véhicule et donc éviter les fraudes, ce qui constitue un des critères pour la mise en œuvre efficace des voies de covoiturage.
Pouvoir trouver facilement un partenaire de covoiturage
Si la voie réservée n’est pas utilisée car personne ne covoiture, la frustration des autosolistes et les critiques des autorités mèneront sûrement à un abandon du projet.
Heureusement, la technologie pour trouver des partenaires de route a énormément évolué ces dernières années.
Notre plateforme en ligne Carpool.be et son application permettent de trouver en un coup d’œil un ou plusieurs passagers pour son trajet domicile-travail parmi plus de 130.000 personnes.
L’application permet aujourd’hui un covoiturage flexible et adapté aux besoins de chacun, même en dernière minute.
Il arrive qu’on ne trouve pas de covoitureurs directement sur son trajet. Mais l’évolution d’une offre multimodale (coupler transport en commun ou vélo et covoiturage) et l’expansion des parkings de covoiturage – à laquelle nous travaillons depuis plusieurs années – offrent la possibilité d’élargir le choix des partenaires.
Et pour ceux qui n’ont pas encore trouvé, l’efficacité des bandes de covoiturage offrira plus de places sur les bandes restantes pour les autosolistes.
La sécurité comme axe primordial
La sécurité des usagers de la route est un point crucial pour Mpact : c’est pourquoi il faudra réfléchir quelle voie octroyer aux covoitureurs. Certain argumentent que la différence de vitesse entre la bande réservée et les autres peut amener à des situations dangereuses. C’est pourquoi Mpact ne veut des voies réservées que lors des heures de pointe, où la vitesse est fortement réduite vu le trafic important.
Une solution possible est d’ouvrir la bande d’arrêt d’urgence en heures de pointe et de réserver la bande extrême gauche aux covoitureurs sur les autoroutes. Sur les voies d’accès régionales, la bande de droite est plus propice à cette pratique et la signalisation dynamique permet d’organiser le trafic en toute sécurité.
Ne pas empêcher une circulation fluide des bus et taxis
C’est pourquoi dans un premier temps, les bandes de covoiturages seront d’abord créées là où il n’y a pas de bandes de bus. Mais il serait tout de même intéressant de faire le test avec des bandes bus/taxi/covoiturage pour y mesurer l’impact de la circulation sur ces transports partagés.
Le choix et l’implémentation de bandes réservées peut ne pas être définitif : testons pendant 6 mois et évaluons l’évolution du trafic.
Le CEPESS, le centre d’étude humaniste, propose d’ailleurs une phase pilote entre Louvain-la-Neuve et Delta sur la E411 avec une bande réservée à gauche, ou via la modulation d’une bande centrale en fonction des heures de la journée.
Avoir une incitation puissante
Pour modifier les habitudes des navetteurs, il faut que l’effort fourni par les autorités dans la mise en place des bandes de covoiturage permette une réelle incitation à leur utilisation : que les gains de temps de parcours et d’argent soient inversement proportionnels aux désavantages du covoiturage (détours, certaine dépendance, …).
Ne pas créer de voies supplémentaires…
… mais en réserver une pour les covoitureurs parmi celles déjà existantes.
Conclusion
Partager, c’est l’ADN de Mpact. Nous rendons le partage possible, mais nous partageons aussi volontiers nos connaissances et nos expériences. Mpact se tient disponible pour apporter son aide et son expertise pour l’introduction des bandes de covoiturage. Nous sommes prêts à venir partager notre vision en commission ou à tout endroit où cela pourrait influencer les choix politiques en la matière. Le problème de la congestion automobile et des files sans cesse croissantes touche des centaines de milliers de navetteurs chaque jour. Et nous sommes là pour les aider.
[i]Certaines priorités se retrouve aussi dans le rapport du CGEDD sur la Rocade bordelaise (2010) (http://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/cgedd/007153-01_rapport-etape.pdf)