Les voitures autonomes – Pourquoi nous devons garder le contrôle

google-toont-zelfrijdende-auto-zonder-stuur Bron: Google images

Les voitures autonomes arrivent. Bientôt, il sera même agréable d’être dans les files. Ou alors les files auront disparu. L’utilisation de la voiture pourra être plus efficace si nous utilisons la technologie et les données disponibles de manière optimale. La voiture autonome a le potentiel de changer drastiquement notre mobilité. Mais qui décide de la direction que nous allons prendre ?

Ce n’est plus qu’une question de temps avant de voir débarquer la voiture autonome. Tous les constructeurs automobiles sont déjà loin dans le développement de la technologie. Google a déjà quelques milliers de kilomètres testés au compteur et de nombreuses régions s’offrent en terrains de jeu.

En ce qui concerne le particulier, l’avantage principal de la voiture autonome est la sécurité. « Go for Zero » n’est possible que si les conducteurs ne font plus d’erreurs au volant. Nous espérons donc que la voiture autonome apparaîtra plutôt tôt que tard dans nos rues.

Scenario1 : “Business-as-usual”

L’automatisation a le vent en poupe : via le cruise-contrôle, plus besoin de mettre le pied sur la pédale, ou même encore, certaines voitures se garent toutes seules. Pas à pas, la technologie prend le dessus. Elle ne semble donc pas être le principal obstacle actuel, comme c’est le cas pour la question de la responsabilité au niveau des assurances. Un problème que l’Europe va résoudre.
Si la voiture roule par elle-même, ses occupants peuvent avoir du bon temps : lire, travailler, manger, jouer,… Les files ne sont plus du temps perdu.

Dans ce scenario, le parc automobile va être remplacé lentement par des voitures autonomes très attrayantes. La norme de la possession automobile reste individuelle et le nombre de voiture sur la route va augmenter. Les files seront plus courtes car les voitures autonomes roulent de manière plus compacte. Cet avantage, il est vrai, n’en est pas vraiment un car les gens seront tentés de se déplacer plus souvent et d’habiter plus loin de leur lieu de travail. Et oui, se déplacer ne sera plus du temps perdu !

Les impacts de ce scénario sont divers: la sécurité routière augmente mais la consommation énergétique augmente aussi. Enfin, les voitures autonomes ne joueront aucun rôle dans une (r)évolution de la mobilité.

Scenario 2 : mobilité partagée

Si les opérateurs mettent en commun les données et la technologie, alors la norme sera à la mobilité partagée. Au lieu d’encoder votre destination dans votre voiture, vous le ferez à la maison sur smartphone. Des algorithmes intelligents et des choix personnels détermineront si un véhicule, avec d’autres passagers par exemple, passe près de chez vous. En chemin, vous découvrirez si vous devez changer de véhicule ou non, à la manière d’une correspondance.

La terminologie actuelle des bus, du covoiturage et d’autopartage disparaît. La mobilité devient un service. Un peu comme Spotify a remplacé les étagères à CD, ces nouvelles formes de mobilité partagée remplaceront la notion de bien privé. Non pas parce qu’elles sont économiques et écologiques, mais surtout parce qu’elles le peuvent.

Mpact est naturellement un grand fan de ce scénario. Nous recommandons de ne pas nous laisser dépasser. Comme Google et Facebook l’ont fait : des mastodons qui ont réussi à être maître du marché libre. Voulons-nous que les transports publics du futur soient un et un seul acteur mondial ? Peut-être bien, pour des raisons de qualité. Mais pas si nous, utilisateur ou gouvernement, voulons bénéficier d’une certaine autonomie… vous y croyez ?

Qui déterminera les réglementations quant à l’utilisation des données personnelles ? Quels modèles de mobilité seront envisagés et pour quelle efficacité ? Où iront les bénéfices cumulés ?

La libéralisation du marché de l’énergie nous a appris que nous devons mieux planifier. Le marché allemand de l’énergie est finalement touché par la décentralisation. De nombreuses coopératives de producteurs « verts » ont démarré et défient les acteurs traditionnels. En Belgique, c’est plus difficile à mettre en place : la capacité des centrales nucléaires tient en laisse le fonctionnement du marché.

Un marché décentralisé de la mobilité

L’arrivée de la mobilité autonome sera probablement une transition du scénario 1 vers le scénario 2. C’est aux pouvoirs publics d’investir pour atteindre dès que possible le scénario 2, celui de la mobilité partagée.

Le marché, où le scénario 2 entrera en jeu, doit être rapidement dessiné. Les données sur les modèles et l’infrastructure doivent être une propriété collective, et gérées par le gouvernement. Chaque nouveau joueur sur le marché doit avoir la chance d’être au moins aussi gros que les autres fournisseurs. Un marché décentralisé serait idéal pour l’utilisateur et fournirait des recettes fiscales qui pourraient être recueillies localement.

Nous sommes attentifs à l’arrivée de la voiture autonome, mais nous devons garder le contrôle sur le développement de ce marché.

Mpact a pris part, dans le cadre du projet “Interreg Car-North+”, à un workshop international à Wremen (Allemagne) sur la voiture autonome. En mars, Mpact a organisé avec Autopia une suite à cet évènement et a invité 25 personnes, parmi lesquelles des experts en mobilités, des économistes, des philosophes, etc. Ce blog est une réflexion personnelle, inspirée par ces deux évènements.