‘Quartier de qualité’ : 100% mobilité partagée

6963819225_5a3b3d7415_z (c) Romain Ballez

Imaginez un quartier sans propriétaire de voiture. Pas sans voiture, non, juste sans propriétaire. Bienvenue dans les quartiers de qualité : un objectif ambitieux où le ‘tout à la voiture’ n’est plus de mise. Place au partage, à l’espace public libéré et à un quartier où il fait bon vivre.

Les ‘quartiers de qualité’ sont comme des supermarchés : chaque utilisateur peut choisir, parmi de nombreuses possibilités, un moyen de se déplacer adapté à ses besoins. Les gérants se chargent d’assurer une offre diversifiée qui correspond à la demande, pour que chacun puisse se déplacer de la manière qu’il veut quand il le veut. Pratique !

Ce concept novateur permet une réduction conséquente du nombre de voitures dans nos villes, qui engorgent et étouffent l’espace public. Les voitures personnelles restent 95% du temps en stationnement. Elles prennent donc énormément de place et déterminent la qualité du paysage urbain, ou plutôt sa non-qualité.

Dans une étude du ‘International Transport Forum’[1], il apparaît que nous pouvons, dans une ville européenne de taille moyenne, jouir de la même mobilité qu’aujourd’hui, avec seulement 10% de la flotte actuelle. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que nous pourrions réduire considérablement le nombre de voiture avec des transports en commun efficace et une mobilité partagée intégrée de manière optimale.

Pourtant, l’autopartage est aujourd’hui encore très peu répandu. Le nombre de voitures partagées en Belgique est à peine de 0,02% de la flotte belge et seulement 0,2% de la population pratique aujourd’hui l’autopartage. La Ville de Gand a formulé l’objectif le plus ambitieux en matière d’autopartage en Belgique : elle veut 20.000 autopartageurs en 2020, soit environ 8% des automobilistes gantois. Londres va un peu plus loin en citant le chiffre de 1 million d’autopartageurs en 2025. Les ‘quartiers de qualité’ visent, eux, 100% des habitants. Un chiffre encore très loin de la réalité.

En effet, 100% est aujourd’hui un objectif difficilement réalisable à l’échelle d’une ville – voir presque impossible vu les mentalités centrées encore davantage autour de la voiture individuelle. C’est déjà plus facile à imaginer au niveau des quartiers. Des zones bien desservies par les transports publics et proposant une offre de services accessibles et diversifiés peuvent faire l’objet d’une attention particulière pour l’implémentation de ces ‘quartiers de qualité’.

Des zones à faibles émissions sont déjà appliquées dans certains quartiers. Elles ont un impact conséquent sur les émissions locales, mais aucun sur l’espace occupé. Que nous utilisions du diesel, de l’essence, du LPG ou une voiture électrique, les places pour garer nos véhicules restent tout de même occupées. Et empêchent le développement d’autres aménagements plus favorables à une vie de quartier plus saine.

Vincent Brassinne

(c) Vincent Brassinne

Du réflexe automobile au choix mobilité

Les autopartageurs changent drastiquement l’espace public pour 2 raisons :

  • La voiture est utilisée par plusieurs personnes. Une voiture partagée remplace ainsi jusqu’à 10 voitures privées.
  • Les autopartageurs choisissent le meilleur moyen de déplacement en fonction de leur besoin. La voiture n’est pas toujours le bon réflexe à adopter. Avec l’autopartage, on réfléchit à deux fois avant de prendre une voiture pour aller chercher le pain à 1km. Les autopartageurs piochent dorénavant dans un éventail de possibilités selon leur trajet : vélo, marche à pied, transports en commun, etc. L’usage du véhicule est rationalisé et cela a un impact direct sur le nombre de voitures en circulation.

Où seront installés les premiers ‘quartiers de qualité’ en Belgique ? Quelle ville osera s’investir dans une zone 100% mobilité partagée ? Quelle ville attirera de nouveaux habitants dans un quartier où trouver une place de parking n’est pas un problème et où l’espace public, auparavant réservé à la voiture, est devenu accueillant pour les vélos, les jeux d’enfants, etc. ?

A tous ceux qui ont du poids dans le développement des villes, nous suggérons la création de nouveaux quartiers, où les transports publics sont efficaces et offrent une réelle alternative à la possession automobile. Des quartiers où l’autopartage n’est pas une tendance mais une norme. Nous ne devons pas attendre la voiture autonome pour cela : il existe aujourd’hui différents prestataires d’autopartage qui sont actifs en Belgique et qui proposent une offre suffisante pour un autopartage de qualité, flexible et économique. Le « supermarché mobilité » est donc à portée de main !

[1] International Transport Forum: Urban Mobility System Upgrade How shared self-driving cars could change city traffic. (http://www.internationaltransportforum.org/Pub/pdf/15CPB_Self-drivingcars.pdf)